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Ma liberté ?

Dernière mise à jour : 24 mars 2020




La liberté telle qu’on la conçoit est finalement subjective. Notre liberté de mouvement, de faire, est contrainte par notre interconnexion. Bien sûr il y a l’adage « notre liberté s’arrête là ou commence celle des autres », mais cet adage ne représente rien d’autre que le respect. Celui des autres. Cela n'empêche donc pas de nous sentir libre, si tant est que la valeur de respect nous est intiment ancrée.


Il y a la liberté plus insidieuse, celle valant de soi, qui nous paraît couler de source, qu’on ne voit même pas planer au dessus de nous. Celle que nous vivons tous les jours sans nous rendre compte de son importance, ni de son caractère illusoire. Ainsi, chaque jour, nous planifions notre emploi du temps, en dehors des heures de travail, nous faisons ce que nous pensons devoir faire ou simplement ce que nous souhaitons faire : les courses, du sport, aller en soirée, voir des amis, téléphoner, voyager, nous promener…

Mais même ces activités qui paraissent individuelles sont en fait interdépendantes du reste du monde. Prenez une pandémie, un état de guerre, un moment exceptionnel nécessitant des mesures exceptionnelles restreignant nos libertés d’allers et venues comme bon nous semblait en temps normaux.


Ainsi m’est d’abord venue l’idée que la seule vraie liberté n’est pas dans la liberté de faire, mais dans la liberté d’être. Rien, personne ni même une situation exceptionnelle n’a le pouvoir de l’ébranler. Nous sommes maître absolu de cette liberté intérieure d’être. Libre de penser, de ressentir, de formuler, avec les moyens que l’on choisit. Libre de voir les choses d’une certaine façon ou d’une autre si cela ne nous convient pas/plus. Nos esprits peuvent modeler à l’infini, pour se retrouver toujours en sensation de liberté intérieure.

C’est l’angle de vue qui change, qui fait que l’on se sent plus ou moins libre.


Mais moi qui écris ces mots je me sens encore, au sixième jour de confinement imposé par le gouvernement en situation de crise sanitaire, frustrée de ne pas pouvoir jouir de ma liberté de sortir à ma guise, quoi, quand, où, comment et pour le temps que je choisis, soit ma liberté de faire.

Alors, comment se débarrasser de cette désagréable sensation de privation (je ne me sens pas uniquement privée de mouvements d'ailleurs, mais aussi privée d'un monde "normal") ? Puisque je sais que je suis, et serai toujours, libre d’être ?


Je réfléchis. Et je me dis que si la liberté de faire n’est pas réellement une liberté, dans le sens liberté individuelle, mais un ensemble de droits, de possibilités d’actions dans un monde de situation stable, alors je sais et je vis en acceptant ce fait : ma liberté de faire dépend de l’état du monde, elle est en interconnexion aux autres. Quand, pour une raison spéciale, cet état du monde amène à restreindre la liberté de faire, parfois pour le bien commun, cela fait partie des règles du jeu. Le jeu de la vie en société, sur un espace donné, sur la planète Terre.


Certes, la règle n’est pas indiquée au début du jeu. Nous naissons et grandissons et évoluons avec cette liberté de faire. Elle nous paraît un droit universel acquis et imprenable. Immuable. C’est pourquoi il est difficile d’accepter une situation de libertés restreintes quand elle survient. Mais réfléchir permet de se rappeler que ce n’était qu’un bonus accordé dans un jeu. Il peut être ininterrompu toute une vie. Et parfois non. Les périodes de guerre, les périodes de pandémie, l’ont montré.


Ainsi, si j’accepte toutes les règles du « jeu », il m’est moins pénible d’accepter une situation de restrictions de mes libertés. Le monde est une immense tablette de jeu. Parfois on gagne, parfois on perd, parfois on met sa liberté de faire en suspend.


Et c’est ainsi parce que, de toute façon, je ne suis pas née en choisissant librement le monde où j’aurais voulu me trouver. Je suis née dans un contexte, celui d’une certaine société qui s’est modelée au fur et à mesure des époques pour arriver à celle-ci où j’évolue aujourd’hui.

En revanche (serait-ce une revanche d’ailleurs ?), moi qui évolue dans la société de maintenant, je peux me donner les moyens de participer à sa propre évolution pour qu’elle se rapproche au plus près du monde auquel j’aurais aspiré en naissant. Et pourquoi pas, un jour, de voir changer les « règles du jeu » ?


Si une partie de ce monde ne me convient pas je peux, moi aussi, avec mes moyens, semer ma graine de changement.

Une goutte dans la mer.

Mais nous sommes bien une poussière dans l’univers…


En tout cas, si pendant de crise, une population se rend compte de son interdépendance, il serait intéressant qu'une fois la normale revenue elle continue de percevoir ce lien.

Partageant une même contrainte de confinement, des millions de personnes vivent au même moment la même histoire, dans un contexte peu réjouissant.

Mais dans un contexte "calme", nous vivons aussi une même histoire, malgré la variété et la diversité d'actions que chacun peut mener à différents moments.

Nous vivons la même grande histoire du grand jeu de la vie en société, et si nous pouvons y faire ce que nous voulons, jouissant de "libertés", c'est parce qu'il existe une interconnexion d'actions qui fait que tout "tourne rond", jusqu'à la prochaine crise...

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